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De 2008 à 2010, des évaluations des écosystèmes ont été menées à Tinoc, Ifugao, à l’aide d’indicateurs de la CDB sur l’utilisation des terres et les changements d’utilisation des terres, le régime foncier, les langues autochtones, les occupations traditionnelles et le bien-être de la population (voir l’encadré 18.1).

De 2008 à 2010, des évaluations des écosystèmes ont été menées à Tinoc, Ifugao, à l’aide d’indicateurs de la CDB sur l’utilisation des terres et les changements d’utilisation des terres, le régime foncier, les langues autochtones, les occupations traditionnelles et le bien-être de la population (voir l’encadré 18.1). Des recherches communautaires ont été menées dans cinq des douze barangays ou villages administratifs de Tinoc : Ahin, Wangwang, Tulludan, Tukucan et Binablayan. Cette évaluation a fait usage de la cartographie culturelle et GPS, d’ateliers, d’études et d’entretiens, ainsi que de données secondaires et des registres des centres de soins ruraux du gouvernement sur la fréquence des maladies de l’enfant.

Quand Tebtebba a commencé son action, les personnes parlaient de leurs savoirs traditionnels avec beaucoup de circonspection, au vu de la discrimination subie de longue date. De plus, la recherche était perçue comme l’apanage des universitaires et des professionnels, et les informations parvenaient rarement jusqu’à la communauté. Démystifier la recherche a encouragé la participation. Il était important pour la population de réaliser que quiconque peut participer à des recherches et à la création de savoirs, et que cela fait partie de la vie quotidienne et peut être transmis à travers des récits, des chants, des rituels et l’art, entre autres moyens.

Le projet de recherche a montré que la gestion territoriale traditionnelle était dynamique jusqu’à la moitié des années 1990, mais avec l’adoption de la production commerciale de légumes à base de produits chimiques, les communautés se sont beaucoup éloignées des pratiques traditionnelles. Une nouvelle catégorie d’utilisation des terres et de technologies connexes est apparue, qui prévoit la propriété privée de la terre et sa gestion en dehors des règles communautaires coutumières. Cela a entraîné la dégradation des forêts et l’envasement des rivières, l’assèchement des sources naturelles, l’exploitation des agriculteurs par le système marchand, ainsi que l’insécurité alimentaire, entre autres effets. 1

Les systèmes traditionnels de surveillance existent encore, comme le giti, pour faire le suivi des systèmes d’irrigation et des changements dans les saisons et les conditions météorologiques. Par exemple, la maturation de la plante pullet signale le moment de commencer la préparation de la terre dans les rizières irriguées, et l’arrivée des oiseaux kiling ndique que les tempêtes sont terminées et que le moment est venu de planter le riz. La précision de ces indicateurs traditionnels dans le contexte du changement climatique doit être étudiée plus en détail.

Le processus de recherches actives participatives a permis au peuple kalanguya :

  • de revitaliser ses systèmes de savoirs autochtones et ses pratiques de gestion territoriale ;
  • de comprendre les effets négatifs découlant de l’adoption par le peuple de la culture commerciale des légumes, à base de produits chimiques ;
  • d’adopter un plan d’utilisation des terres communautaire qui s’attaque aux problèmes identifiés.

Après plus d’une année de recherches actives participatives, les Kalanguya ont pleinement pris la mesure de la sagesse et de la valeur scientifique de leurs savoirs autochtones, qui incarnent l’utilisation durable des ressources et le partage équitable des ressources. L’étude a montré que la gestion territoriale autochtone chez les Kalanguya est fondée sur des modèles d’utilisation des terres qui incluent les relations entre l’homme, la terre, la nature et les esprits, basées sur la biodiversité et les valeurs culturelles et spirituelles.

Les communautés ont employé les nouvelles données pour établir des plans d’action adaptés à chaque village. Dans la communauté wangwang, là où les données indiquent que la forêt est en grande partie intacte, l’objectif de la communauté est de perfectionner ses savoirs traditionnels et de consolider l’utilisation coutumière durable et les lois coutumières. En revanche, à Tukucan les données signalaient une réduction significative du couvert de la forêt de protection du bassin versant bel-ew, de 1108,73 ha en 1970 à 717,65 ha en 2009. Une grande partie de la forêt avait été défrichée pour la culture commerciale des légumes, et la variété des denrées alimentaires consommées par la communauté était moindre par rapport aux denrées ramassées par le passé dans les forêts et les fermes itinérantes. Ici, l’objectif de la communauté est de restaurer la zone du bassin versant après les dégradations et les privatisations, de contribuer à la régénérescence de la forêt et au passage de l’agriculture fondée sur les intrants chimiques à l’agriculture écologique ou durable. Un membre des Tukucan est parvenu à la conclusion suivante :

« Tant que les personnes sont prêtes à travailler la terre, personne n’aura faim. Mais la faim se fera sentir si nous privons l’homme de la terre qui est le moyen essentiel de production. 2

Un sommet de la terre s’est tenu afin de rassembler les communautés autour des résultats de l’évaluation communautaire. Des politiques ont été élaborées pour protéger les bassins versants et les systèmes fluviaux, et pour surveiller les rendements des cultures. Au cours de ce processus, il a été constaté que bien que la langue kalanguya soit employée lors des conversations en famille, les termes relatifs aux lois coutumières n’étaient plus largement connus.

Un pacte ou une convention d’unité visant à arrêter la dégradation de l’environnement et à promouvoir le bien-être des personnes a été conclu par les dirigeants de la communauté. Afin de réaliser cette convention, un plan d’utilisation des terres complet a été élaboré, avec les objectifs suivants :

  1. amélioration des écosystèmes pour accroître la souveraineté alimentaire et la résilience des communautés ;
  2. consolidation de la gouvernance coutumière pour la promotion des valeurs traditionnelles, l’utilisation coutumière durable et le partage équitable des ressources ; et
  3. renforcement des activités de plaidoyer du peuple en faveur de programmes de développement appropriés et d’une amélioration des services sociaux.

Des activités relatives à la sensibilisation, au renforcement des capacités, au développement de projet, à la mobilisation des ressources communautaires, au plaidoyer politique et au réseautage ont été décidées, et des indicateurs ont été adoptés pour faire un suivi des progrès.

Atelier rassemblant des cultivateurs de légumes commerciaux, Tukucan, Tinoc, septembre 2009
Auteure/Auteur
  • Florence Daguitan, Tebtebba
Écosystèmes
  • Forêts tropicales
Thèmes
  • Conservation et utilisation durable
  • Cartographie et suivi
Type
  • Forme courte
Date
  • Cette étude de cas fait partie de LBO-1, initialement publié en 2016.

References

  1. Atelier rassemblant des cultivateurs de légumes commerciaux, Tukucan, Tinoc, septembre 2009
  2. Lakay Biaw, membre de la communauté tukucan