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Les peuples autochtones d’Ilam, dans l’est du Népal, comprennent les Kirant (qui comprennent à leur tour les peuples rai et limbu), les Lepcha, les Tamang, les Sherpa, les Sunuwar, les Gurung, les Magar et les Thangmi. L’est du Népal est le domaine historique des Kirant, le royaume des Kirant étant au pouvoir depuis 600 av. J.-C- à Katmandu. Les rois kirant règnent depuis plus de 1000 ans au moyen des pratiques coutumières.

Les peuples autochtones d’Ilam apportent des contributions importantes à la conservation du panda roux (ailurus fulgens) en danger, grâce à leurs savoirs traditionnels et aux pratiques coutumières durables En vertu de la loi népalaise sur les parcs nationaux et la conservation de la nature (1973), le panda roux est reconnu comme une espèce prioritaire protégée, désignée comme vulnérable en 1994 et en danger en 2004 à cause de la disparition de son habitat.1 Les personnes ne chassent pas les pandas roux parce que les systèmes religieux et coutumiers l’ont interdit, même avant de savoir qu’ils étaient menacés.

La culture tamang a une institution traditionnelle « choho » des Tamang, pour aider à prendre soin de la forêt, de l’habitat du panda roux, des zones historiques et des ressources. Le lama principal (bouddhiste) joue un rôle primordial dans la prise de décisions pour l’utilisation et la protection des habitats des pandas roux.“ [footnote]Membre de la communauté tamang[/footnote]

Les peuples autochtones savent que dans la nature, les pandas roux dépendent pour leur nourriture principalement du bambou (90 %), suivi des fruits (3 %), des insectes (2 %), des cultures (1 %) et d’autres sources (3 %). Les communautés ont constaté que les forêts de bambou de la région se développent mal. Elles se détériorent à cause des incendies, de la sécheresse et de la disparition de sources d’eau dans la forêt boréale, et d’autres nuisances comme la collecte excessive de produits forestiers non-ligneux, le développement local y compris la construction de routes, et les incursions humaines. En conséquence, les communautés autochtones ont redoublé d’efforts afin de protéger l’écosystème des forêts de bambous à l’intérieur de la forêt boréale, en contrôlant les incendies et en rétablissant les sources d’eau. Comme l’ont expliqué deux membres de la communauté : « Nous créons une ligne coupe-feu et contrôlons les incendies. Les personnes surveillent le feu à tour de rôle, et informent toutes les personnes qu’elles doivent le surveiller. Elles protègent également les sources d’eau grâce à des plantations et au rétablissement des étangs naturels qui peuvent contribuer à préserver la forêt de bambous pour les pandas roux. »

Pratiques et institutions traditionnelles pour la conservation du panda roux : les « kipatiya pratha » des Kirant

Le kipatiya pratha est le système coutumier des Kirant. Il s’agit d’un organisme local agréé qui utilise les pratiques traditionnelles de gouvernance pour la conservation et la gestion durable, pour l’utilisation des ressources naturelles et pour la protection de la biodiversité et des habitats des pandas roux.

Les prêtres (phedangba et nuwagire), les anciens, les femmes et les guérisseurs traditionnels kirant jouent des rôles importants dans la prise de décisions collective visant à déterminer les parties de forêt qui devraient être protégées, en garantissant que les sources d’eau et les forêts de bambou fournissent un habitat adéquat pour les pandas roux. Dans le kipatiya pratha, l’individu obéit à la décision collective de prendre soin de l’habitat du panda roux (pudekudo ko basthan) et des ressources naturelles. Si un membre de la société essaie de désobéir à la décision ou de l’utiliser à mauvais escient, il sera puni. Le kipatiya pratha préserve un bon système de gouvernance pour la conservation de l’habitat du panda roux, et contrôle le braconnage, la chasse, les incendies, l’utilisation des ressources. Ses traditions prévoient également des sanctions. Si quelqu’un agit d’une manière qui désobéit aux traditions ou chasse le panda roux, la personne est convoquée à une assemblée et informée qu’elle ne doit pas agir ainsi, parce que cela est important pour la société. Si la personne continue de chasser ou de désobéir, ou ignore la décision, alors elle est une nouvelle fois sanctionnée, par une amende ou l’exclusion sociale (la personne ne sera autorisée à participer à aucune fonction sociale). Ce sont ces normes sociales et ces valeurs qui créent un bon système de gouvernance.

Du panda roux Photo : Kamal Kumar Rai
Auteure/Auteur
  • Kamal Kumar Rai, Indigenous Peoples’ Society for Wetland Biodiversity Conservation, Népal
Écosystèmes
  • Forêts tropicales
Thèmes
  • Conservation et utilisation durable
Type
  • Forme courte
Date
  • Cette étude de cas fait partie de LBO-1, initialement publié en 2016.

References

  1. IUCN. The IUCN Red List of Threatened Species: Ailurus fulgens (Red Panda). (2016). at <http://www.iucnredlist.org/details/714/0>