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Les terres traditionnelles de la communauté autochtone shipibo-conibo de Santa Clara de Uchunya dans l’Amazonie péruvienne s’étendent sur plus de 85 000 hectares. Traditionnellement, ces terres ont fourni en abondance du gibier et du poisson, des médicaments, des matériaux de construction et de l’eau propre.

« Nous aimerions aller sur nos terres pour manger du paiche et tous les types de poissons du lac. Mon père y pratiquait la chasse, mes grands-parents y pratiquaient la chasse. Nous nous y déplacions à pied librement… »

Luisa Mori González, Présidente du Club des Mères et dirigeante communautaire

Mais seuls 218 hectares ont reçu un titre formel. Depuis 2012, l’entreprise du secteur de l’huile de palme Plantaciones de Pucallpa S.A.C (aujourd’hui Ocho Sur P SAC) a acquis illégalement et défriché environ 7 000 hectares de terres sans titre foncier pour les convertir en plantations de palmier à huile. Les effets sur l’environnement ont été colossaux, avec la disparition de terres et d’animaux, ainsi qu’une pollution due à la pulvérisation de produits chimiques agricoles. Cela s’est accompagné de violence, puisque des groupes armés de trafiquants de terres ont défriché des forêts et menacé de mort et intimidé ceux qui s’y opposaient. Par ailleurs, ces dépossessions continues minent les fondements du mode de vie de la communauté et sa capacité à survivre sur ses terres.

Malgré des menaces, la communauté a déployé de nombreux efforts pour tenir la société pour responsable. Plantaciones de Pucallpa était membre de la RSPO, et une plainte formelle a été déposée en 2015, qui a entraîné un ordre de « cessation des activités ». La communauté a également lancé un appel aux financiers européens de l’entreprise, à l’Alternative Investments Market de la Bourse de Londres, ainsi qu’à différents mécanismes des Nations Unies et mécanismes régionaux des droits humains. Une procédure pénale a également été engagée au Pérou, qui a mené à une enquête de haut niveau dirigée par le Procureur spécial pour le crime organisé.

Manifestations contre l’huile de palme. Photo : FECONAU
Auteure/Auteur
  • Programme des peuples des forêts
Écosystèmes
  • Forêts tropicales
Thèmes
  • Mesures d’incitation et financement
  • Droits et régime fonciers
Type
  • Forme courte
Date
  • Cette étude de cas fait partie de LBO-2, publié à l’origine en 2020.
shipibo man in peruvian court
En septembre 2019, des dirigeants de Santa Clara de Uchunya et de FECONAU, avec l’assistance juridique d’IDL, ont mené leur combat pour leurs droits fonciers devant la plus haute cour du Pérou, le Tribunal constitutionnel. Photo: FECONAU

Malgré l’ordre de « cessation des activités » de la RSPO, des ordres de suspension du Ministère de l’agriculture et des tribunaux péruviens, et une condamnation unanime des Ministères des forêts et de l’agriculture péruviens, les activités de l’entreprise se poursuivent. L’absence de mise en œuvre est générale, et l’entreprise a évité la suspension de ses activités, et des amendes élevées, en vendant ses actifs à de nouvelles entreprises qu’elle a créées et en se retirant de la RSPO et de la Bourse de Londres.

La communauté a déposé une procédure constitutionnelle qui fait date contre le Gouvernement péruvien, parce qu’il n’a pas traité sa demande de titre foncier, ce qui a facilité l’accaparement des terres par l’entreprise. L’affaire a été entendue par le Tribunal constitutionnel en septembre 2019, dont la décision est pendante à ce jour.

En décembre 2019, la communauté a décroché une victoire importante lorsque le plus grand fonds souverain au monde, le fonds de pension du gouvernement norvégien, a décidé de se défaire de ses investissements dans Alicorp, une entreprise qui produit des biens de consommation, suite à des enquêtes ayant montré qu’elle achetait de l’huile de palme provenant des plantations de Ocho Sur.