Le saumon du Pacifique est une espèce qui revêt une importance culturelle fondamentale pour de nombreux peuples autochtones de la côte ouest du Canada et des États-Unis. Les saumons sont nos parents, ils sont centraux dans nos histoires, nos identités, nos récits, nos expressions, notre culture et nos économies. Nous les honorons chaque année avec la première cérémonie du saumon, lors de laquelle nous communiquons avec le peuple du saumon afin de renouveler nos relations.
Les tribus de l’État de Washington possèdent des droits inhérents aux stocks de saumon, et ces droits ont été réaffirmés par la Cour suprême des États-Unis en 1989. La Commission indienne de la pêche du nordouest (Northwest Indian Fisheries Commission) a été établie pour que les tribus gèrent la prise, la répartition, la conservation et la reconstitution des stocks de saumon. Des représentants tribaux siègent au sein de la Commission du saumon du Pacifique bi-nationale États-Unis-Canada et au sein d’autres conseils techniques consultatifs et administratifs consacrés au saumon.
Près de 1 milliard de dollars américains ont été dépensés au cours des 20 dernières années pour la reconstitution des stocks de saumon. Néanmoins, malgré cela, la plupart des stocks de saumon figurent sur la liste de la loi sur les espèces en danger (Endangered Species Act) comme étant menacés ou en danger, et le saumon est en diminution dans les trois-quarts de l’État.1
La disparition du saumon peut avoir des répercussions en chaîne, de la perte des nutriments marins qui alimentent les bassins versants supérieurs à la mise en danger des orques qui en dépendent.
Nos droits de pêche sont une condition préalable essentielle pour une pêche du saumon durable, et la reconnaissance de ces droits à Washington a contribué à une gestion partagée du saumon dans le cadre de laquelle notre position est légalement sur un pied d’égalité avec celle des institutions fédérales et étatiques. Mais cela n’est pas suffisant si les causes sous-jacentes du déclin, dont certaines sont lointaines, ne sont pas combattues. Certaines causes sont locales : barrages hydroélectriques, pollution agro-chimique venant des exploitations agricoles et laitières, non-préservation de caniveaux et passages pour les poissons, inondations qui détruisent les frayères, et le déversement de polluants, nutriments, produits pharmaceutiques et eaux pluviales dans les eaux côtières à proximité des villes. D’autres sont lointaines : les fleuves et les océans se réchauffent, les régimes des pluies changent, le carbone dans l’atmosphère provoque une acidification, et certains changements atmosphériques se font sentir sur de vastes zones.
Certaines des causes du déclin ne peuvent pas être atténuées par des mesures prises sur un site particulier
Nous combattons cela de nombreuses façons. Les tribus tulalip ont dirigé l’établissement de la Stratégie pour des terres durables, une coalition de tribus et d’agriculteurs qui ont œuvré au développement de solutions avantageuses pour tous qui profitent aux agriculteurs et au saumon. En 2014, des tribus ont ouvert la voie au démantèlement du barrage du canyon de Glines sur la rivière Elwha, le plus grand barrage jamais démantelé aux États-Unis, et planchent sur le démantèlement d’autres barrages. Les tribus tulalip élaborent également une version d’un système d’aide à la prise de décisions en matière de gestion de l’écosystème qui permet de définir des scénarios et de prendre des décisions pour la restauration et la réglementation de l’écosystème sur la base de différents niveaux d’analyse.
Toutefois, le travail de remise en état est fondé sur un traitement local symptomatique des effets, plutôt que sur une lutte contre les grandes causes sous-jacentes. Ces causes ne seront pas éliminées sans changements de fond qui correspondent à l’échelle des effets qui mettent en péril notre frère le saumon. À cause de la nature du cycle de vie du saumon, qui va des montagnes jusqu’au nord de l’Océan Pacifique, les problèmes du saumon ne peuvent pas être réglés sans impliquer de nombreuses juridictions. Bien que nous menions toutes les activités nécessaires au niveau local, une approche complète adaptée au contexte pour résoudre les problèmes est nécessaire pour réaliser la durabilité en matière de pêche.
Auteure/Auteur
- Preston Hardison, Tulalip Natural Resources Treaty Rights Office
Écosystèmes
- Forêts tempérées
Thèmes
- Conservation et utilisation durable
- Gouvernance
Type
- Forme courte
Date
- Cette étude de cas fait partie de LBO-2, publié à l’origine en 2020.